FAIRE DES ERREURS : UN CHEMIN VERS LA RÉUSSITE !
Publié le 5 novembre 2024
L’erreur, souvent vue d’un mauvais œil, fait peur, surtout aux élèves qui s’identifient bien souvent à leurs notes. Cette peur peut les bloquer, les empêcher d’avancer et les décourager. Et pourtant, l'erreur est en réalité une formidable opportunité d'apprentissage.
Alors, comment dédramatiser l’erreur et en faire un véritable tremplin vers la réussite ?
Un regard souvent négatif sur l’erreur
Cette vision négative de l'erreur peut avoir des conséquences sérieuses sur nos enfants :
Anxiété de performance : La peur d'échouer peut être paralysante, les poussant à éviter de se lancer.
Perfectionnisme, pouvant conduire à un épuisement, ou au contraire à la procrastination (pour fuir le risque d'erreur).
Etat d’esprit fixe : S'identifier à ses erreurs peut leur faire croire qu'ils n’y arriveront jamais, qu’il n’y a pas de changement possible.
Et pourtant, faire des erreurs est essentiel pour progresser !
Pensez à une personne malvoyante qui apprend à se déplacer dans une pièce. Toucher les murs (se cogner en quelque sorte) est pour elle la première étape, ce qui lui permettra ensuite de se déplacer sereinement.
De la même manière, on comprend mieux un sujet en tâtonnant, en “touchant” ses limites. C'est en faisant des erreurs que l’on acquiert une connaissance plus profonde et, surtout, plus de confiance en soi, pour pouvoir ensuite utiliser la notion sereinement (car on en connaît les limites).
Philippe Meirieu, reprenant Aristote et Socrate, dit bien qu’« apprendre, c’est toujours faire quelque chose qu’on ne sait pas faire pour apprendre à le faire ». Et quand on ne sait pas faire, on n’a pas d’autre choix que de « se lancer » et accepter l’imperfection. On ne peut pas avoir toujours raison du premier coup. On a parfois besoin de tâtonner, d’essayer, avant de donner la réponse qui convient.
Une nouvelle perspective sur l’erreur
Pour adopter un état d'esprit de développement, l’erreur doit être considérée avec recul et distance. L’erreur ne définit pas l’élève, mais elle est une étape d’un processus. Une étape obligatoire pour atteindre une production de qualité.
Il est crucial de l’encourager à tenter, même s’il n’est pas sûr de sa réponse, et de lui donner les moyens de se servir de ses erreurs pour apprendre.
Peut-être qu'une première étape serait de changer notre vocabulaire ?
Plutôt que de parler de « fautes » ou d’« erreurs », pourquoi ne pas évoquer des « essais » ou des « expériences » ? Cela pourrait vraiment dédramatiser la situation !
Les recherches en neurosciences montrent l'importance de ces « essais ». Une des clés d'un apprentissage efficace : se tester, accepter les erreurs et les corriger sans attendre (plus la correction suit de près l'essai, meilleur sera l'apprentissage).
Faire des erreurs, facile ! Mais comment s’en servir pour progresser ?
Tout d'abord, qu’est-ce qu’une erreur ?
Une erreur, ce n'est pas tout un processus à jeter ! Elle résulte souvent d’un parcours où beaucoup de bonnes étapes ont été franchies, mais où une des décisions prises n’était pas la bonne.
Cette mauvaise décision peut venir :
D'une mauvaise compréhension du cours, ou de la question
D'une stratégie inadaptée
D'un défaut d’analyse
D'une inattention
D'une mémorisation incomplète ou d'un automatisme mal maîtrisé
Identifier la cause précise de l'erreur est une étape essentielle pour ne pas la reproduire.
Parfois, une erreur, qualifiée de « simple erreur d’inattention » peut cacher une véritable lacune de compréhension. La stratégie à mettre en place pour la corriger ne sera pas la même.
Pour distinguer les deux, on peut se poser la question suivante : Cette erreur est-elle récurrente (même erreur dans le même contexte) ?
Lorsque c’est le cas, il peut s'agir en réalité d'une erreur de compréhension. Peut-être que l’application de la règle est faite de manière trop systématique (à l’aide d’une astuce par exemple), sans y avoir mis suffisamment de sens.
Comment identifier et corriger l’erreur ?
En analysant ses erreurs de manière positive
C'est en prenant du recul et en adoptant une posture critique (on peut même aller jusqu'à parler d'une attitude de curiosité) que l'on pourra se donner les moyens de revenir sur ses processus et de les corriger.
Cette posture s’apprend, et la gestion mentale est un formidable moyen pour accompagner vers cette posture.
En effet, en décomposant l’itinéraire mental pour découvrir par quelles étapes il est passé, l’élève pourra :
Identifier plus facilement les sources d’erreurs (types d’erreurs et contextes)
Pour adapter ses méthodes de travail : sur la notion elle-même (par exemple retravailler un automatisme, l'application d'une règle, ou encore approfondir la compréhension) ou sur ses processus cognitifs (un exemple d'accompagnement dans mon article sur les fonctions exécutives)
En comprenant le fonctionnement du cerveau
Daniel Kahneman (psychologue) a mis en évidence 2 systèmes de pensée : le Système 1 (rapide, intuitif et émotionnel) et le Système 2 (plus lent, plus réfléchi et plus contrôlé).
Les automatismes (système 1) servent à raisonner très vite, et sont utiles bien souvent. Mais ils peuvent aussi nous induire en erreur. Il faut donc parfois résister à ces automatismes et activer notre contrôle inhibiteur pour éviter bien des pièges. Selon la situation, nous devons activer le système 1 ou le système 2. Cet arbitrage est décrit par Olivier Houdé (enseignant-chercheur et psychologue) qui parle de Système 3.
Être informé sur ces systèmes et sur les biais cognitifs permet de réaliser que l’erreur est un phénomène normal. Apprendre à éviter les pièges des automatismes et des biais cognitifs est fondamental.
Conclusion
C'est en intégrant les erreurs et leur analyse dans le processus d’apprentissage que nos enfants peuvent se libérer de la pression liée à l'échec.
De plus, certaines erreurs ont conduit à des innovations incroyables ! Alors oui, faire des erreurs, c'est non seulement normal, mais c'est aussi un excellent moyen d'ouvrir des portes vers la réussite !