L’ÉTÉ OÙ LES ÉVOCATIONS ONT PRIS LE LARGE
Publié le 21 juillet 2025
Une famille en vacances. Du sable, des glaces, des siestes, des rires. Mais derrière ces scènes tranquilles, un monde invisible s’active : celui des évocations.
Sans qu’on y pense vraiment, notre cerveau revoit, réentend, ressent…
Et ce sont ces images intérieures qui construisent nos souvenirs, et qui sont au cœur de nos apprentissages.
Alors, même sous le parasol… le cerveau, lui, ne décroche jamais tout à fait.
Louise et la glace à la fraise
Hier, Louise a mangé une glace à la fraise parfaite. Ce matin, elle y repense. Elle voit à nouveau le cornet, peut ressentir la fraîcheur de la glace, ré-entend même la voix du vendeur.
Son cerveau a évoqué cette glace, comme un petit film intérieur.
C’est ça, une évocation.
Évoquer, c’est faire exister dans sa tête (volontairement ou non) une image, un son, une sensation. Ce matériel mental est au cœur de tous les gestes mentaux d'apprentissage (être attentif, mémoriser, comprendre, réfléchir, imaginer).
Jules et le projet d’attention
Pendant ce temps, Jules observe les vaguelettes qui roulent sur ses pieds. Il décide : “Je vais être attentif à ce moment.”
Il sent la chaleur sur ses pieds, écoute le son des vagues, regarde la lumière qui se reflète sur l’eau.
Ce qu’il vient de faire, c’est se mettre en projet d’attention : une décision mentale pour vivre pleinement un moment, en mobilisant volontairement ses sens.
Cette capacité peut s’entraîner. Plus on la pratique, plus elle devient naturelle, à la plage ou en classe.
Louise et le projet de mémoriser
Plus tard, depuis le point de vue, la ville est magnifique.
Louise sort son téléphone, puis hésite. Finalement, elle ferme les yeux, prend une grande inspiration, et se dit : “Je veux vraiment garder ce souvenir.”
Elle se met en projet de mémoriser.
Elle indique à son cerveau ce qu’elle souhaite retenir. Elle crée des évocations riches, qu’elle pourra faire revivre plus tard.
Et pour le garder en mémoire plus longtemps, elle a une astuce : elle imagine un moment où elle aura besoin de s'en souvenir (et la copine à qui elle le racontera).
Cette projection, simple et volontaire, permet de mieux conserver les souvenirs.
(Spoiler : c’est aussi valable pour retenir un cours.)
Papa et la chanson qui revient
En voiture, Papa chantonne (encore) ce tube entendu à la radio. Ses enfants râlent. Mais c’est plus fort que lui. Elle tourne en boucle dans sa tête.
C'est une évocation auditive, involontaire mais tenace.
Et c’est une vraie force du cerveau : il enregistre des mélodies même sans le vouloir.
Ce peut être une astuce pour apprendre autrement (par exemple un poème, une formule, une liste de mots…), sur l’air de sa chanson préférée.
Jules et le film de la journée
En rentrant, Jules voit le paysage défiler par la fenêtre. Mais dans sa tête, il revoit la baignade, le pique-nique, les jeux. Il sourit.
Son cerveau consolide.
Il repasse la journée, renforce les souvenirs, remet un peu d’ordre.
C’est le même principe que lorsque l’on rentre d’une journée de travail ou d’école et qu’on “refait le film de la journée”.
Le cerveau réactive. Il apprend.
Le moment où chacun raconte
Le soir, chacun raconte sa journée. Chacun revoit, ressent, réentend… puis cherche ses mots.
En mettant des mots sur ce que l’on évoque, on renforce la mémoire, on structure la pensée.
C’est vrai pour les souvenirs. C’est encore plus vrai pour les apprentissages !
Raconter, c’est déjà commencer à s'approprier, à mémoriser.
Photographier ou mémoriser ?
Le lendemain, tout le monde dégaine son téléphone pour “immortaliser cette superbe visite”.
Mais qui prend vraiment le temps de regarder ? Qui écoute, ressent, s'imprègne ?
Un cerveau, ce n'est pas un appareil photo. Le vrai souvenir se crée autrement. Il a besoin de présence, d’intention, d’attention.
Avant de cliquer, Maman ferme les yeux quelques secondes.
Elle se dit : “Je veux me souvenir de ce moment.”
Elle commence à évoquer, là, maintenant. Et elle sait qu’elle pourra le revivre plus tard, de l’intérieur.
Une famille, des vacances… et un entraînement mental discret
Au cours de leurs vacances, ils auront évoqué, raconté, alternés entre projections dans le futur et souvenirs d'évènements passés.
Ils auront entraîné leur cerveau à mieux mémoriser, à mieux être attentif, à mieux apprendre.
Pas avec des leçons. Juste avec tout ce que l'été a à offrir.
Et peut-être que, de retour à la maison, ces réflexes les suivront.
Parce que c'est ça, dans le fond, apprendre à apprendre :
Observer son fonctionnement. Le comprendre. Et s'en servir... même sous le parasol.
Et vous, avez-vous laissé vos évocations prendre le large cet été ?
Les actions mentales conscientes (comme se mettre en projet, enrichir ses évocations, revisiter une scène intérieurement) sont discrètes, mais puissantes.
Elles permettent de mieux vivre l'instant, de renforcer la mémoire, et d'apprendre plus consciemment et donc plus efficacement.
Il suffit parfois de fermer les yeux... pour voir plus clair.